Aqueducs de Paris

Aqueduc de la Vanne (photo Eau de Paris)
crédit : Eau de Paris ̶̶ site web
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France
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Il m’a paru qu’une eau de rivière chargée de détritus animaux ou végétaux que les riverains y jettent, des sels malfaisants que les ruisseaux et torrents y apportent, échauffée d’ailleurs par le soleil de juillet, gelée en janvier, ne pouvait être offerte en boisson aux habitants d’un grand centre de civilisation.

Baron Haussmann

Une ville comme Paris, densément peuplée, a des besoins importants en eau potable, mais elle ne dispose pas des ressources nécessaires sur son territoire et doit prélever l’eau qu’elle consomme sur des territoires voisins. Les eaux qui servent à l’alimentation des Parisiens sont captées dans un rayon de 150 kilomètres. Pour les acheminer jusqu’aux portes de Paris, Eau de Paris exploite 470 kilomètres de linéaires d’aqueducs.

Carte de l'alimentation en Eau potable de Paris

Carte de l'alimentation en eau potable de Paris


Les aqueducs parisiens représentent un réseau de conduites fermées (la loi interdit désormais le transport à ciel ouvert de l’eau destinée à la consommation humaine) majoritairement souterrain. En effet, si l’on assimile souvent l’aqueduc au pont-aqueduc, que l’on identifie bien dans le paysage, les aqueducs sont en fait majoritairement souterrains. Le diamètre intérieur de ces conduites d’eau est compris entre 1,80 mètre et 2,50 mètres.
 

Principe des vases communicants

Les aqueducs, du latin aquaeductus (qui signifie "conduit d'eau", de aqua, "eau", et ducere, "conduire"), sont des ouvrages anciens et pourtant toujours d’actualité.

Un WALL.E expert de l’eau

un WALL.E expert de l’eau

Pour entretenir les conduites difficiles d’accès, le service Mécanique d'auscultation des conduites (MAC) d’Eau de Paris a inventé des outils spécifiques de connaissance de l’état du réseau, mêlant mécanique et électronique, afin de tester la résistance des conduites, de repérer d’éventuels problèmes et d’organiser les travaux. Ainsi le robot autotracté, équipé d’une caméra couleur pivotante et rotative sur 360°, permet l’inspection télévisée et le diagnostic des ouvrages non visitables.

À présent, on ne construit plus des aqueducs comme autrefois, mais on rénove les aqueducs existants. Il s’agit d’un patrimoine historique et, une fois construits, leur coût de fonctionnement est peu important. Les aqueducs construits aux XIXe et XXe siècles alimentent Paris, aujourd’hui encore, à hauteur de 50 % de l’eau consommée. Les trois principaux aqueducs qui transportent l’eau des Parisiens datent en effet du XIXe siècle, lorsque les techniques de traitement de l’eau n’existaient pas encore, mais la ville abritait déjà plus d’un million d’habitants.

 

 

 

 

Ces trois aqueducs sont baptisés du nom des principales sources qui les alimentent :

  • L’aqueduc de la Vanne (construit entre 1866 et 1874) est long de 156 kilomètres, et de nombreux ouvrages d’art maillent son parcours, comme les 77 arcades du pont-aqueduc d’Arcueil-Cachan (dans le Val-de-Marne), qui s’élèvent à 38 mètres au-dessus du sol. Son débit maximal est de 145 000 mètres cube d’eau par jour.
  • L’aqueduc du Loing (construit entre 1897 et 1900) parcourt 95 kilomètres, presqu’entièrement sous terre. Le diamètre imposant de ses conduites souterraines lui permet un débit moyen de 210 000 mètres cube d’eau par jour.
  • L’aqueduc de l’Avre (construit entre 1890 et 1893) fraye son chemin sur 102 kilomètres. L’eau met en moyenne 36 heures pour arriver au réservoir de Saint-Cloud (dans les Hauts-de-Seine)) depuis sa source située en Basse-Normandie, avec un débit maximal de 160 000 mètres cubes d’eau par jour. Cet aqueduc franchit la Seine grâce à un ouvrage construit en 1891 par la société des établissements Eiffel : la passerelle de l’Avre.

Les aqueducs fonctionnent sur la base d’un principe élémentaire : la gravité. En créant les aqueducs, les Romains ont mis au point un procédé permettant de transporter l’eau grâce à la seule force de gravité. À partir d’une source située à une altitude plus haute que la cité, il s’agissait de définir le tracé de l’aqueduc afin qu’il respecte une pente constante, permettant un débit d’eau régulier : c’est la circulation gravitaire de l’eau.


Or monts et vallées rythment le paysage des territoires sur lesquels Paris puise ses ressources en eau. Pour les traverser, deux systèmes complémentaires ponctuent le cours de l’aqueduc :

  • le pont-aqueduc permet de maintenir une pente constante entre les deux extrémités de la vallée (selon la profondeur de la vallée, il faudra construire un, deux ou trois niveaux d’arcades pour surélever l’aqueduc)

 

  • le siphon, quant à lui, utilise le principe des vases communicants pour permettre à l’eau venant de l’amont de remonter après le passage d’une vallée.


Aujourd’hui, la circulation gravitaire de l’eau peut être complétée par des systèmes de pompes qui créent une forte pression dans le réseau pour faire circuler l’eau plus rapidement. On parle alors d’adduction "par refoulement". Celle-ci est également très utile pour élever l’eau et alimenter les aqueducs en eaux qui proviennent de nappes très profondes. Bien que coûteuse en énergie, l’adduction par refoulement permet de satisfaire des besoins quotidiens en eau bien plus importants aujourd’hui qu’au temps des Romains. Mais l'adduction par gravité reste un moyen privilégié pour transporter l'eau, car elle permet de produire une eau économique et écologique.

Le réservoir de Montsouris

le réservoir de Montsouris

Le réservoir de Montsouris fut longtemps la plus grande réserve d’eau potable de la capitale, voire du monde. D’une surface de 60 000 m2, ses deux étages superposés ont offert dès l’origine une capacité maximale de stockage de plus de 200 000 m3 d’eau. Cette eau est acheminée par l’aqueduc du Loing, dans lequel l’eau circule de façon gravitaire tout au long de son trajet.

Les compartiments d’eau du réservoir de Montsouris ont la particularité de disposer, à l’entrée, de cinq anciens aquariums : il s'agit de truitomètres, autrefois utilisés pour tester la qualité de l’eau en entrée et en sortie de réservoir. Alimentés en permanence en eau, ils contenaient des truites très sensibles aux pollutions. Si la truite montrait des signes d’affaiblissement, l’eau était alors considérée comme polluée et était dirigée vers l’égout. L’usage des truitomètres a été arrêté en 1996 et remplacé par les analyses en laboratoire. Ainsi est née la légende des truites de Montsouris, selon laquelle les truites nageaient tranquillement dans le réservoir sous les regards des techniciens.